Murmures du bronze, paroles par-dessus le vide et par-dessus l'épaule de marbre où le regard se profile avec exactitude. Présence et désir, rythme et mouvement, humour, enfance et mythe. Désir de s'ancrer par la présence de la force et de l'appui matériels dans le réel de leurs torsions et de leurs courbes, que les formes soient et s'incarnent. Désir aussi de modeler, de torturer la masse et la matière, d'en faire le sujet d'une valse et d'un récit. Masse qu'on soulève,qu'on désire soulever. Ainsi de Titan portant le monde sur ses épaules ou plus humblement, de l'animal qui encorne la terre en un geste éperdu, sa force s'enracine dans un futur fructifié, au-delà du risque et du défi que son auteur désigne du soupçon de violence qui s'entend à peine seulement. Plus légèrement, désir d'aller même dans la portée envoûtante de l'élan qui fait avancer de la naissance à la mort, l'enfant et la femme, l'artiste, féminité et enfance. La sculptrice au-dedans d'elle retenant le souffle, le centaure croisant la souplesse et la manière forte, l'énergie de l'artiste se propulse au-dehors, là où la flèche va, au plein jour de sa vision et de son espace pleinement conquis. Désir d'artiste que de manier aussi bien l'ombre et la masse, la lumière et la matière, le regard et la joie, même du pire entrevu. Emmanuelle Rodrigues |